Comment se soigner avec les aliments et les épices?

Caroline Gagnon et Véronique Méthot
Imaginez avoir à portée de main une médecine efficace et sécuritaire, qui est de surcroît peu coûteuse. Bien sûr, on ne parle pas ici de faire compétition aux oncologues et aux neurochirurgiens de ce monde. Mais pour tous ces petits et grands maux quotidiens de la famille, le contenu de votre frigo et de votre garde-manger regorge de secrets pouvant faire toute la différence entre une nuit à l’urgence et une nuit dans le confort de votre foyer!

Qu’ont en commun les plantes médicinales, les épices et les légumes? Ils partagent tellement de points qu’il est difficile de savoir par où débuter pour répondre à cette question!

Entre autres, ces trois catégories de végétaux ont en commun des phytonutriments, ces molécules qui ont un impact régulateur sur le corps humain. D’ailleurs, si vous avez déjà exploré le fabuleux monde des plantes médicinales, vous aurez sans doute remarqué que toutes les épices sont considérées comme des plantes médicinales, de même que plusieurs fruits et légumes. Alors, plutôt que de répondre à la question : qu’ont en commun ces végétaux, nous vous suggérons de répondre à celle-ci : pourquoi accepter ces catégories arbitraires?
Si c'est le genre de question qui vous intéresse et que vous cherchez un cours de nutrition hors du commun, sachez que nous offrons un cours en ligne vous permettant de donner plus de pouvoir à votre assiette.
Nous croyons qu'il est temps de ramener les plantes médicinales et sauvages dans nos assiettes. Mais il est également temps de faire honneur à nos grands-mères et à leurs remèdes : il est temps de se réapproprier l'utilisation des aliments de manière médicinale. Imaginez à quel point votre vie serait simplifiée si, par exemple, quand votre enfant commence à avoir la goutte au nez au début de l’automne, vous aviez le réflexe d’additionner son déjeuner de cannelle ou d’un mélange d’épices de son choix. En plus d’éviter le rhume qui tentait de s’installer, vous pourriez, du même coup, soulager cette diarrhée qui persiste chez lui depuis quelques semaines. Et que dire de la facilité associée au simple fait d’apprendre à utiliser l’ail pour soigner une otite ou une toux chez son tout-petit, et ce, sans compter la myriade d’autres propriétés de l’ail! Le fait de nous réapproprier les aliments pour en faire nos alliés dans les soins que nous prodiguons, à nous et à nos proches, ne fait pas que nous rendre la vie plus facile. Ça nous apporte également un sentiment de soulagement, de confiance et de sécurité: nous prenons notre santé en main avec des outils qui sont à notre portée.

Voici donc quelques exemples d'aliments associés aux troubles de santé qu'ils peuvent soigner ou prévenir.

Aliments médicinaux

Rondelle d'oignon chauffée sur l'oreille 

Tout comme son cousin l’ail, l’oignon contient des composés soufrés très intéressants pour combattre une infection. Pour soigner une otite, les grands-mères utilisaient une épaisse tranche d’oignon chauffée à sec (et non cuite) qu’elles déposaient sur l’oreille. (Attention : il est essentiel de vérifier la chaleur avant de déposer l’oignon sur l’oreille, on ne veut pas se brûler!). Les composés antibactériens que renferme l’oignon aident à combattre l’infection, et la chaleur aide à soulager la douleur et à liquéfier le mucus.

Compote de pomme épicée 

Lorsqu'une diarrhée est accompagnée de douloureuses crampes, rien de tel que cette délicieuse compote épicée pour soulager les petits et les grands bedons. On peut en manger sur une base régulière pour soigner une diarrhée chronique ou comme premier aliment après une gastro.
Cuisinez une compote de pommes en conservant la pelure pour que la pectine qu'elle contient se retrouve dans le produit fini. La pectine est une fibre soluble, et donc absorbante. Ajoutez à cette compote une bonne pincée des épices suivantes. Vous pouvez assaisonner au goût.

• Muscade : elle est antispasmodique, ce qui signifie qu’elle soulage les crampes.
• Caroube : il est astringent, ce qui signifie qu’il aide à resserrer les tissus, à tonifier la muqueuse intestinale.
• Cannelle : elle est réchauffante, anti-infectieuse et astringente.

Sarrasin et varices

Manger du sarrasin tous les matins, en crêpe ou en gruau, aide à fortifier les vaisseaux sanguins et à réduire les varices. Ajoutez-y de la cannelle et du gingembre à l’automne pour vous réchauffer et améliorer la digestion. 

Petits fruits, foie et désintoxication 

Chaque année apporte son nouvel aliment miracle – lequel est habituellement ultra concentré en antioxydants et supposément inévitable pour être en santé. Un must à inclure à son jus frais ou smoothie matinal. Sachez que s’il existe autant « d’aliments vedettes miracles », ce n’est pas seulement la faute des gourous du marketing qui tentent de vous vendre la dernière tendance santé : c’est aussi parce que tous les végétaux contiennent des antioxydants, et que certaines catégories en contiennent plus, notamment les petits fruits! Notre conseil : choisissez des baies et petits fruits qui poussent dans votre région, congelez-les ou déshydratez-les durant l'été pour utilisation future, et savourez ! Rappelez-vous que la diversité et la proximité sont d'excellents barèmes pour guider vos choix; bien plus que la nouvelle tendance !

Patates et mastites

Plusieurs d'entre vous connaissez déjà l’utilisation de la feuille de chou pour réduire l’engorgement et soigner une mastite, mais saviez-vous que la patate râpée peut s’avérer encore plus efficace? La bien-aimée directrice de FloraMedicina, Caroline Gagnon, nous raconte : « Quand ma fille est née, je n’ai pas pu avoir de congé de maternité et je travaillais beaucoup. Surmenée, j’ai souffert d’une mastite très sévère et les feuilles de chou ne suffisaient pas. J’ai donc essayé des cataplasmes de patate râpée. La mastite s’est résorbée en 12 heures, sans même que j’aie recours aux antibiotiques! Du coup, j’ai aussi découvert que la patate noircit et tache : ma brassière d’allaitement était devenue toute noire. »

Les plantes à ajouter à votre alimentation

Avec les années de pratiques en herboristerie, cette zone grise entre alimentation et médecine s’élargit de plus en plus, et l’idée d’inclure des plantes médicinales directement dans l’alimentation devient tout naturel pour la plupart d’entre nous. Voici quelques petits trucs pour soigner vos proches sans même qu’ils ne s’en aperçoivent.

 Astragale, riz et bouillon

La meilleure manière de préparer la plupart des toniques immunitaires est sous forme de bouillon (ce que nous nommons décoction en herboristerie), et c’est précisément lorsque la température commence à baisser que nous avons le plus besoin de cette médecine fortifiante! L’astragale est un tonique immunitaire puissant et réchauffant (oui, oui, réchauffant signifie que vous aurez plus chaud en le consommant). Faites bouillir les racines dans de l’eau, filtrez et utilisez cette eau pour cuire le riz ou comme base de soupe. L’astragale a un goût sucré et doux.

Gingembre et digestion

Le gingembre est le parfait exemple d’une plante médicinale utilisée depuis toujours tant comme épice que dans la pharmacopée des herboristes à plusieurs endroits dans le monde. Le gingembre améliore la circulation sanguine, normalise la digestion, diminue les gaz, les spasmes et les crampes, élimine la nausée et surtout, il goûte délicieusement bon! Il peut être utilisé en tisane ou directement dans vos plats. Pour un usage rapide, préparez à l’avance un sirop de gingembre concentré pour aromatiser vos desserts, vos céréales chaudes, ou pour ajouter dans de l’eau pétillante ou de l’eau chaude après un repas. Vous pouvez aussi utiliser ce sirop pour sucrer et aider à assimiler votre tisane préférée, comme l’ortie par exemple.

Recette sirop de gingembre et miel

1. Hachez grossièrement 1 tasse de rhizome de gingembre frais (si celui-ci est biologique, vous pouvez conserver la peau).
2. Ajoutez 2 tasses d’eau froide et portez le tout à ébullition.
3. Baissez le feu et faites frémir jusqu’à ce que le liquide soit réduit de moitié, soit environ 45 minutes.
4. Filtrez et ajoutez une bonne quantité de miel, selon votre goût et selon la durée de conservation désirée. Plus de miel (jusqu’à une tasse) pourra vous permettre de conserver le sirop plusieurs mois au réfrigérateur.
 Les remèdes de grand-mères sont considérés dans bien des milieux comme dépassés et archaïques. Mais rappelez-vous ceci : leur valeur n’a pas été mise en cause des suites de leur inefficacité, mais plutôt de leur provenance. Si seulement ces grands-mères avaient porté des sarraus blancs, voire avaient fait breveter leurs recettes! D’ailleurs, n’est-ce pas vers les médecines traditionnelles que les compagnies pharmaceutiques se tournent pour trouver de nouvelles pistes de médicaments? Cela porte donc à croire qu’il y a un peu de vrai dans ces usages...

Trêve d’ironie, comprendre le potentiel médicinal des aliments, c’est s’offrir une plus grande autonomie pour faire face à la saison des rhumes, mais c’est aussi et surtout apprendre à pratiquer la meilleure forme de médecine possible : la prévention par l’alimentation!
Les plantes médicinales sont-elles sécuritaires?

L'herboriste Caroline Gagnon répond à cette question dans une courte entrevue!

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