Le semis des plantes indigènes et des vivaces, trop compliqué?

Mar 17
Actée à grappes, verveine, thé des bois, alchémille… on trouve, sur le marché, des sachets bien remplis de graines de ces plantes à un prix plus dérisoire que celui d’un seul plant prêt à être mis en terre, alors pourquoi hésite-t-on à les semer?
Dans cet article
Les semis sont une façon économique de reproduire les plantes en grand nombre en plus d’être l’une des activités préférées des adeptes du jardinage en climat tempéré. Pourtant, les vivaces sont la plupart du temps reproduites par leurs organes souterrains ou par leurs boutures et achetées à pleins prix en centre jardin.

C’est curieux, me direz-vous, car il y a plein d’avantages à les reproduire par la graine, comme une meilleure résilience génétique de l’ensemble des plants, une diminution des maladies et le retour de caractéristiques plus accentuées. 

C’est que pour la majorité des vivaces de milieux tempérés, hormis les lamiacées aromatiques, la graine à semer se trouve dans un état de dormance vraie. En gros, même exposée à des conditions optimales de germination, elle résistera à germer. 

La dormance vraie, une stratégie d'adaptation

À l’état sauvage, la majorité des vivaces des milieux tempérés perdent leurs graines peu de temps avant l’hiver et leur germination est retenue jusqu’au printemps suivant, alors que les jeunes plantules auront tout un été devant elle pour se renforcir avant de traverser une première saison froide. 

Certaines espèces espacent même les générations les unes des autres en retenant la germination pendant quelques années, ce qui permet un retour de la population après un ravage comme un feu de forêt ou une maladie.

Mettre les traitements germinatifs à l'agenda

Le semis reste une expérience accessible, mais des étapes préalables sont nécessaires à sa réalisation. Les graines ont généralement besoin d’être stratifiées ou scarifiées ou les deux. La stratification consiste en un traitement au froid humide pendant un nombre déterminé de semaines en fonction de la variété, alors que la scarification est une abrasion du tégument (enveloppe protectrice de la graine) pour permettre à l’eau de pénétrer la graine. Si vous avez un réfrigérateur, un calendrier et un minimum de dévotion, ce projet est le vôtre.

La stratification, un court hiver au réfrigérateur

Les vivaces qui ne peuvent se permettre de germer à la tombée du plant afin d’éviter le froid à un stade trop immature pour y survivre doivent constater le froid qui a été et le froid qui n’est plus pour se laisser pousser. Dans une boîte de pétri ou un contenant récupéré de sushis ou d’aromates (des options maisons faciles à se procurer), on dépose les graines sur un papier buvard ou sur un simple papier absorbant. On identifie le contenant et l’on se met une petite alarme pour le jour de sortie prévu, lequel est calculé selon le nombre de semaines requis pour la variété. Les graines sont ensuite prêtes à germer et on les sème dans des multicellules sous les néons, avec les autres semis, en s’assurant de respecter la profondeur de semis requise par la variété. Si la graine devait seulement être stratifiée, mais pas scarifiée, il y a beaucoup de chance qu’un semis à la surface du terreau pour les plus petites ou à quelques millimètres de profondeur pour les plus grandes convienne.

La scarification, l'usure du temps ou du papier sablé

La scarification remplace l’usure d’une graine dont les générations devraient être séparées de quelques années. On frotte les graines entre deux papiers sablés ou avec une zesteuse pour abîmer le tégument, l’enveloppe protectrice de la graine, de façon que les rayures soient visibles avec une loupe ou à l’œil nu. Souvent, les graines scarifiées doivent en plus être stratifiées avant d’être semées. Les graines qui doivent être scarifiées sont des graines qui ont habituellement le temps de s’enfouir plus profondément dans le sol avant de germer : elles seront donc en général semées à 5 mm de profondeur pour les plus fines et à 1 cm de profondeur pour les plus épaisses.

Articles qui pourraient vous intéresser

Comment choisir ses semences de plantes médicinales?
écrit par Caroline Gagnon | 10 Fev. 2021
Devenir herboriste : une diversité d'approches et de métiers!
écrit par Caroline Gagnon | 1 Sept. 2021
Comment choisir son école d'herboristerie?
écrit par Caroline Gagnon | 1 Août 2021